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29 janvier 2013 2 29 /01 /janvier /2013 17:55

Je mis longtemps à aimer les anacoluthes*.

Au début, il y en avait assez peu dans mon jardin, jusqu'à ce que je commence à en trouver de très belles.

Il faut dire que la forme commune est une défaut dans la syntaxe, qui rend la phrase boiteuse, cocasse ou juste lourde.

 

Exemples : « Je trouve que l'euthanasie, si elle était pratiquée dans toute société civilisée, il y aurait de graves conséquences. »

[proposé par le site fis.ucalgary.ca/Brian/ecrire/e-anacoluthe.htm ]

 

Mais les anacoluthes peuvent être  magnifiques.

 

Une des plus belles que j'aie est celle de Pascal, pour laquelle je fus lent à savoir en humer le parfum. Je vous la rappelle : « Le nez de Cléopatre, s'il eut été plus court, la face du monde en aurait été changé. »

 

Et de José-Maria de Heredia (Les conquérants) :

« Chaque soir, espérant des lendemains épiques,

L’azur phosphorescent de la mer des Tropiques

 Enchantait leur sommeil d’un mirage doré ;... »

 

De La Fontaine, 

« Et pleurés du vieillard, il grava sur leur marbre

Ce que je viens de raconter. »

 

Wiki propose aussi : "« Moi, mes souliers ont beaucoup voyagé… » de Félix Leclerc.

 

Variantes, les anastrophes, c'est-à-dire une inversion de l'ordre habituel des mots d'un énoncé pour créer un effet de langue raffiné (dixit Wikipédia).

 

J'en goûte une, de Corneille (Cinna) : 

« Toutes les dignités que tu m'as demandées,
Je te les ai sur l'heure et sans peine accordées. »

 

Encore de Racine (Athalie), très doué en anastrophes ;

« Vous voulez que ce Dieu vous comble de bienfaits Et ne l'aimer jamais ? »

 

Enfin, allez sur Wikipedia...

 

 

* Quand je dis que j'aime les anacoluthes, je me force : la chose est belle en soi, mais le nom me rappelle trop l'anaconda (Eunectes murinus L.) pour que je ne sois point poigné (du verbe poindre) d'une étrange étreinte. 

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  • Étienne Magnin
  • SupAgro Montpellier, Iface. 63 ans. 
Formateur-consultant depuis 1989. Une thématique : les mots, le sens, la transmission.
Deux livres publiés chez Gereso.
  • SupAgro Montpellier, Iface. 63 ans. Formateur-consultant depuis 1989. Une thématique : les mots, le sens, la transmission. Deux livres publiés chez Gereso.

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